En attendant l’ouverture de sa toute nouvelle “Cartelhood Tattoo Gallery” en mai prochain, nous avons rencontré cet artiste péruvien qui aime ne pas s’imposer un style pour embrasser tout l’art du tatouage.

Bonjour Lucho, tu as récemment eu 41 ans. Comment s’est passée votre aventure dans la communauté de l’art du tatouage jusqu’à présent?
Personnellement, je me sens encore comme une adolescente! (rires) En tout cas mon cerveau a encore 1000 idées. J’ai deux mains et je rêve de toujours les utiliser pour créer, tatouer, dessiner et réaliser de nombreux projets fous.

Déjà 23 ans dans le domaine du tatouage, je peux dire que j’ai travaillé dur et rencontré tellement de belles personnes, j’ai acquis beaucoup d’expériences artistiques et personnelles et j’ai même appris le français! (rires) J’ai touché ma première machine au Pérou, puis j’ai déménagé en Espagne et j’ai eu une réelle ouverture sur l’Europe et depuis plusieurs années maintenant je suis en France.

Est-ce que le style Chicano Black ‘n’ Grey et le lettrage en général vous ont frappé très tôt ou y avait-il une sorte de chemin à travers d’autres genres de tatouage pour les maîtriser si bien? Je remarque, par exemple, que tu maîtrises aussi très bien les pièces de dos, les tatouages religieux et les portraits…
J’ai commencé à travailler avec l’Horreur / Noir et Gris puis Nouvelle École en passant par le Japonais pour finalement être séduite par le Chicano et le Lettrage. Je connaissais très bien le style Chicano et ça collait à ma peau, mais ce style de tatouage est aussi un style de vie et je cherchais à m’en éloigner pour séparer ma vie personnelle et le tatouage.

L’expérience vous a-t-elle aidé dans ce cas?
Ouais, le temps a passé et j’ai pu trouver l’équilibre entre mon passé, mes origines et justement les mettre au profit de mes créations de tatouage. J’aime mélanger les genres, le côté rue avec le religieux plus classique et travailler sur les profondeurs. New School m’a beaucoup aidé pour tout ce travail de composition et de mise en perspective.

Je me suis toujours interdit de ne choisir qu’un seul style, j’adore travailler le lettrage, les compositions, mais j’aime aussi travailler la couleur parfois. Je m’amuse à faire différents projets et compositions et c’est aussi ça la liberté artistique je pense.

Pensez-vous avoir eu des professeurs fondamentaux dans votre vie ou vous considérez-vous comme un artiste DIY?
Autodidacte mais pas par choix! (rires) D’où je viens au Pérou je n’avais ni les moyens ni le matériel ni les mentors à ma portée, ni même Internet.
J’ai acheté de vieux magazines de tatouage dans un vieux kiosque quand j’étais enfant et j’ai construit ma première machine avec mes mains grâce à un moteur de cassette radio!
C’est là que je me dis que oui j’ai 41 ans et que je suis loin de la génération d’aujourd’hui qui achète son kit de tatouage sur internet en se faisant passer pour un tatoueur professionnel…

Qui avez-vous rencontré en premier une fois arrivé en France?
J’ai rencontré Dimitri HK qui est maintenant un grand ami et qui m’a beaucoup appris. Évidemment, je nommerai: Jee Sayalero, James Tex qui étaient des références dans la Nouvelle École pour moi et Big Meas, Sam Tailor pour le style de lettrage mais aussi Paco Sanchez, Eugene Attic dans le dessin animé Chicanos…

Y a-t-il une différence entre créer un lettrage et un logo? Je pose cette question parce que – au-delà du style Chicano et de ses règles – votre lettrage a l’air très artistique et organisé…
Même si le lettrage foncé fonctionne très bien en tatouage, je préfère la calligraphie, plus organisée et plus détaillée.
J’aime ce côté classique avec des arabesques ou des feuilles d’acanthe que j’aime ajouter qui donnent de l’élégance aux projets.
Je travaille beaucoup à main levée, les clients qui viennent me voir pour le lettrage ont confiance et se laissent guider, je les en remercie vraiment d’ailleurs, c’est pour ça qu’on a le meilleur résultat et que je ne serve pas seulement d’imprimeur pour copier Dafont sur les peaux des tatoués.

Et à propos des logos…?
Le temps pour faire un logo est plus long pour moi car je ne suis pas graphiste et j’en fais rarement un, je préfère le support de la peau qui est vivante et plus fluide. Les logos sont figés et doivent être vraiment précis.

Décrivez votre lieu de travail, la ‘Cartelhood Tattoo Gallery’ à Vannes (ouverture en mai 2023). J’ai été très impressionné que vous ne soyez pas situé dans une métropole pleine de chaos, mais dans une charmante petite ville de Bretagne…
Ouais, c’est une petite ville que j’adore et ma femme est bretonne donc c’est un peu ma terre d’adoption. Je suis à la recherche d’une vie confortable et quoi de mieux que d’aller boire une bière en terrasse sur le port et déguster des huîtres avec votre client après une séance de tatouage?

‘Cartelhood Tattoo Gallery ‘(IG: @cartelhoodtattoo) ouvrira ses portes en mai, nous sommes actuellement en construction, je suis tellement excitée de vous faire découvrir ce nouvel endroit. Je veux vraiment que cette boutique transpire la culture du tatouage et il y aura une partie galerie d’art pour exposer des œuvres full pleines de surprises!

Tu es très tatoué toi-même. Voulez-vous me lister vos collègues artistes de l’encre que vous arborez?
Même si j’ai un style Chicano, j’ai beaucoup d’autres styles sur moi – Koan, Ben Banzai, Zhimpa Moreno, Lea HT2, Noka, Gabri Lahaine, Darkma etc.

Quel genre de 2023 envisagez-vous?
2023 sera une année chargée pour l’ouverture de la “Cartelhood Tattoo Gallery” prévue en mai. Je serai invité en Suisse à ‘West Side Tattoo’ et en Belgique près de Liège à ‘Neo Tokyo’ pour le printemps. Conventions: Je serai à Vannes / Quimper / Nantes / Lyon / Liège etc.
Et tes derniers mots célèbres sont… ?
Que vive le tatouage! Rendez-vous à la’ Cartelhood Tattoo Gallery ‘ en mai prochain!

Lucho Morante, tatoueur, @luchomorantelettering
Suivre ‘Galerie de Tatouages Cartelhood‘sur Instagram: @ cartelhoodtatouage