Du rite de passage au travail accompli. Le nouvel éditorial de Miki Vialetto

Au début des années 90, j’allais souvent rendre visite à Félix et Loretta Leu et un jour, Félix s’est tourné vers moi et m’a dit: “il n’y a que deux choses qu’un homme ne peut pas acheter: le véritable amour et la douleur d’un tatouage. La seule véritable anesthésie est le désir profond de l’avoir qui vous permet d’aller au-delà de la douleur et d’y faire face pendant que le travail est fait.”

Bien sûr, c’était dans les années 90, il y a plus de 30 ans, lorsque le tatouage était encore considéré par beaucoup comme un symbole de virilité, un rite de passage, et ceux qui se faisaient un gros tatouage dans des endroits douloureux pouvaient se délecter de la satisfaction d’avoir réussi ce test. Un peu comme la sensation que l’on ressent lorsqu’après une ascension épuisante, on profite du panorama depuis le sommet de la montagne que l’on vient de gravir. Mais tout a changé aujourd’hui…

C’est comme si les alpinistes de cette montagne étaient une race mourante, remplacés par des équipes qui voyagent en hélicoptère et passent de un à cent en quelques minutes.

La vue est toujours la même, mais le sentiment lorsque vous êtes là-haut est tout autre chose.

Depuis des années, il existe toutes sortes de crèmes anesthésiques sur le marché qui sont utilisées pour tuer la douleur.

Certains sont plus efficaces que d’autres, mais pour les pièces à grande échelle, l’effet n’est que palliatif car il est peu probable que l’effet dure longtemps. Et donc depuis quelque temps, il y a des magasins proposant du tatouage sous anesthésie générale. Personnellement, je trouve cela tout à fait odieux. J’ai vu des vidéos de rappeurs américains célèbres se faire tatouer tout le torse sous anesthésie générale à un coût exorbitant.

Comment vous sentez-vous lorsque vous voulez avoir l’air dur mais que vous n’êtes pas prêt à affronter n’importe quel type de douleur? Je vous laisse, lecteurs, le soin de parvenir à votre propre conclusion.

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